Si ces dernières 24 heures ont été extrêmement rapides pour les duos de la 9e édition de la Les Sables – Horta – Les Sables, avec des moyennes comprises entre 15 et 20 nœuds qui ont permis à certains d’aligner près de 430 milles dans l’intervalle, le rythme s’est légèrement ralenti depuis ce matin. Et pour cause, le vent commence à mollir tout en tournant à l’Est. Dans ce contexte, les marins doivent trouver le meilleur compromis de route entre rester tribord amures le plus longtemps possible pour jouer la bascule et faire des contre bords vers le Sud pour garder plus de vent, et à ce petit jeu, Alberto Bona et Pablo Santurde del Arco (IBSA) semblent plutôt très bien inspirés. Pour preuve, ce vendredi matin, ils ont repris la tête de la flotte. Une flotte qui s’est doucement étirée depuis hier mais au sein de laquelle rien n’est encore joué à 500 milles du but d’autant que l’arrivée, entre les îles portugaises, s’annonce complexe !

« Le vent s’est un peu calmé, ça devient presque civilisé ! », relate Nicolas D’Estais (Café Joyeux) ce vendredi, après une journée passée entre mode « fusée » et le mode « sous-marin » hier, mais pour le moins éprouvante, tant pour les organismes que pour les machines. « Le bateau déboulait à 20 nœuds. C’était très impressionnant. On s’est relayés toutes les heures à la barre avec Léo (Debiesse). On s’est bien fait tremper ! », a détaillé l’ancien Ministe. Même récit du côté d’Achille Nebout (Amarris) qui a, lui aussi, tenu des moyennes supersoniques et régulièrement frôlé la sortie de piste. « La nuit a été sauvage. A l’extérieur, c’était très humide et à l’intérieur c’était super violent ! ». Dans ce type de conditions, certains ont naturellement laissé quelques plumes. Les Allemands Lennart Burke et Melvin Fink (Sign for Com) ont perdu leur safran bâbord, se voyant ainsi contraints de se dérouter vers Porto qu’ils ont rallié ce matin et où ils décideront de la suite à donner à leur course. De leur côté, Éric Grosclaude et Gaël Karbowski (The Globe en Solitaire) ont rejoint le port Galicien de La Corogne. Mikaël Mergui et Antoine Carpentier (Centrakor), les tenants du titre, ont, eux, déploré la casse de leur stick de barre tandis que Fabien Delahaye et Corentin Douguet (Legallais) ont fait état de la perte de leur petit spi. Ces derniers poursuivent toutefois leur route vers Horta et gardent l’espoir d’une redistribution des cartes dans les petits airs açoriens pour recoller au score. En attendant, comme pour les autres, il leur faut continuer de cravacher et d’engranger les milles tant que le vent se maintient au-dessus de 15 nœuds car à mesure qu’ils vont s’approcher de l’archipel portugais, celui-ci va mollir tout en s’orientant à l’Est.
Vers une fin à rebondissements
Pour faire simple, finie donc, la grande ligne droite plein gaz entamée au nord du cap Ortegal. Désormais, l’heure est au tricotage et les empannages se multiplient. L’enjeu du moment ? Trouver le meilleur compromis entre rester tribord amures le plus longtemps possible pour jouer la bascule et faire des contre bords vers le Sud pour garder plus de vent. Difficile, dans cette situation, de se fier pleinement au pointage. Ces dernières heures, en tous les cas, ceux qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu, sont Alberto Bona et Pablo Santurde del Arco. Les deux hommes d’IBSA ont d’ailleurs chipé les commandes de la flotte à Nicolas D’Estais et Léo Debiesse qui, en plongeant plus franchement vers le Sud, reculent mécaniquement au pointage établit par rapport à la distance au but mais restent mieux placés que leurs adversaires positionnés plus au nord. « C’est surtout la fin de course qui va compter. Elle s’annonce très stratégique et compliquée. Il va falloir ne rien lâcher jusqu’au bout ! », prévient Achille Nebout. Un avis partagé par le skipper de Café Joyeux. « Ça sent le regroupement général à l’entrée des Açores à plein nez cette histoire ! ». De fait, cette première étape promet encore bien des surprises avec des vents d’Est très faibles annoncés à l’arrivée. Tant et si bien que les derniers routages ont encore glissé et que c’est désormais dans la soirée de dimanche, voire même dans la nuit de dimanche à lundi que les premiers sont attendus à Horta !