Pierre-Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) : « Encore une belle journée de glisse à bord de Vogue avec un Crohn. Hier a été décisif en termes de stratégie. Un petit peu en retard sur le noyau dur de la flotte. Nous avons davantage gagné dans le sud que les autres concurrents dans l’espoir d’y trouver plus de vent et une approche différente pour la fin de course. Tout va bien à bord ! Ce matin nous avons trouvé un poulpe sur le pont qui par je ne sais quelle figure de style s’est retrouvé bloqué dans un cordage. Avec un petit peu de beurre ce sera parfait pour le petit déjeuner ! Nous découvrons aussi un nouveau rythme de vie à bord de notre bateau sur lequel même les journées sous spi sont sollicitantes. Ça tape, ça penche et ça mouille, un petit peu comme au près finalement. On découvre aussi qu’à ces allures il y a deux places à bord à peu près confortables : le siège de vielle et la bannette. En conséquence de quoi on dort pas mal ! Le sac de nourriture semble se vider inversement proportionnellement à la force du vent : moins il y a de vent et plus on mange ! Alors que les deux derniers jours de navigation semblent plutôt légers en termes de météo, on ne garantit pas que les dernières tablettes de chocolat survivent. »

Charlotte Cormouls (Bleuet de France) : « A bord du 135 la nuit a été rapide sous gennaker. On a fait des pointes à plus de 19 nœuds : record à nouveau battu pour les voileuses au large. Nous bataillons toujours pour être à la tête des pointus, ce qui n’est pas gagné contre Mussulo… A bord, la vie suit son cours, nous avons adopté le rythme du large : prendre soin du bateau, se relayer pour se reposer, manger, manœuvrer… Les nuits sont belles, la lune nous éclaire comme en plein jour puis laisse place à une magnifique voute céleste juste avant l’aube. Nous profitons des dernières heures avec un vent bien établi (20 nœuds), les jours qui viennent seront moins ventés ! »
Nicolas D’Estais (Café Joyeux) : « C’est enfin la fin du toboggan, bientôt le début de la phase d’atterrissage sur les Açores ! Hier je me suis fait piéger par une vague scélérate qui a commencé son voyage au-dessus de l’étrave du bateau, passée au-dessus du rouf du bateau et s’est vidée intégralement sur moi, jusque dans ma salopette et mes bottes. Depuis elle est en séchage à l’intérieur, inutilisable. On fait salopette commune avec Léo. Merci à lui. Ça m’apprendra à prendre des risques inconsidérés ! Les conditions de vie à bord se sont bien améliorées depuis, ça fait plaisir. Les vitesses redeviennent celles de bateaux presque normaux et non celles de voitures (en agglomération, certes, mais quand-même). En revanche ça va sévèrement se corser niveau tactique, alors on en profite au maximum pour se reposer et arriver le plus frais possible dans l’archipel. On régate au contact visuel d’Everial, Crosscall et Amarris. La flotte de resserre car les premiers auront toujours moins de vent que ceux derrière. La vraie course va enfin commencer. Arrivée prévue dans la nuit de dimanche à lundi. C’est encore long ! »
Aurélien Ducroz (Crosscall) : « Les conditions sont juste parfaites : de la glisse sous spi, dans des températures d’été, sous un soleil magique. En revanche la vitesse dans le médium c’est plus difficile mais on s’accroche comme on peut face à d’autres type de bateaux qui sont redoutables dans ces conditions. Il va se passer encore beaucoup de choses d’ici la fin donc comptez sur nous jusqu’au bout ! »

Fabien Delahaye (Legallais) : « Nuit de glisse tranquille ici, avec un petit recalage sud pour bien se placer pour l’approche des îles. Ça va pas mal à bord. On revient doucement et on y croit ! On a eu un joli poulpe qui a atterri dans le cockpit cette nuit à force de remplir le bateau par des torrents d’eau liés aux vagues et à la vitesse du bateau. Pas de chance pour lui, dans la nuit noire, on a marché dessus… bonne dose de nettoyage après ça ! Les nuits sont bien claires avec lune lumineuse. On sent le décalage ouest avec la France. Le jour se lève plus tard le matin. Ici, c’est petit déjeuner en terrasse café / tartines. On enchaine les bonnes siestes avec Co ça fait du bien pour aborder le final au taquet. »
Mikaël Mergui (Centrakor) : « Cette nuit, on a écrasé un peu. Sans doute le manque de sommeil et le physique de ces derniers jours dans la brise. Hier en fin d’après-midi, je commençais à voir des sargasses partout autour du bateau. On a fait une grosse sieste chacun de quasi quatre heures, les conditions étant stables et le pilote faisant bien l’affaire. Quelques réglages quand même sur les voiles et le pilote, histoire de dire, mais le bateau allait plutôt bien au regard des pointages. J’imagine que chez les autres concurrents, cela doit être pareil. Antoine adore ma bannette et son super matelas avec coussin intégré. Dessus, on se croirait presque à la maison. Elle est top quand cela ne tape pas trop dans le bateau, sinon on fait du trampoline. Je suis très heureux d’être là avec notre beau bateau Centrakor, car nous ne sommes jamais allés aussi loin tous les deux ! Malheureusement, j’avais dû abandonner le Rhum. Depuis le départ, cela m’a traversé l’esprit plusieurs fois. Ce n’est pas facile à oublier après toute l’énergie de beaucoup de monde pour être au départ d’une course comme celle-là, et la finir est déjà un succès. J’ai checké plusieurs fois les batteries et les cloisons à l’avant (rires) ou LOL comme disent les ados. On regarde et on essaye d’anticiper là ou on va passer dans les îles. Cela ne va pas être facile. Et puis vu le niveau des gars en face, cela s’annonce comme une partie d’échec à plusieurs lors de laquelle il faudra rester rapide aussi, avec quelques manouvres à ne pas rater. J’ai vu une physalie, superbe méduse, mais très dangereuse, et une petite tortue surprise à la surface. J’espère voir plus d’animaux à l’approche des îles. »