Baptiste Hulin (Fondation AMIPI) : « Ce début de course a été compliqué pour nous car on a cassé nos deux seuls spis. Ça explique pourquoi on a un peu laissé partir les copains. C’est dur pour nous de les tenir parce qu’on est sous grand gennak. Ça ne fait pas plaisir parce que pour l’instant, on arrivait un peu à limiter la casse mais dans les heures à venir, quand le vent va mollir, ça va devenir encore plus compliqué. On a tenté une réparation sur une des voiles. On est un peu perplexes mais il faut y croire. On vient de faire une petite bande au Sika Flex. Quand ce sera sec, on mettra des patchs avant de faire une couture en espérant que ça tienne et que ça nous aide sur la fin de la course. Rien n’est garanti mais de toutes façons au stade où on en est, il faut tenter des choses. Ce n’est pas simple dans un bateau qui joue à saute-mouton dans les vagues. La détermination à se battre jusqu’au bout a pris le dessus sur la déception et la frustration. On est passés en mode warrior de la réparation, le fond du bateau ressemble plus au plancher de chez North Sails qu’à un bateau de course ! Mais on a que ça à faire si on veut essayer de ne pas finir avalés dans la zone sans vent ! »

Mikaël Mergui (Centrakor) : « Le palier du safran est sous surveillance. On a franchement molli la cadence, cela bouge c’est assez impressionnant. La délamination a un peu progressé ce matin, maintenant c’est souple, mais cela a l ‘air d’aller. C’est stable. On essaye d’avancer quand même pour ne pas être encalminé dans la molle qui grignote sur nous et devrait nous attraper dans la journée de mercredi … C’est hyper frustrant de voir la tête partir trois ou quatre nœuds plus vite, on se dit que notre trajectoire n’était pas si mal. Les emmerdes, ça vole escadrille, disait Coluche. C’est vrai. On vient de casser la drisse de spi et de voir descendre lentement dans l’eau le spi A4 ! Passage autour des safrans, sous le bateau, et bout de chaussette entortillé. En somme : un gros bazar. On a réussi à remonter le spi d’un côté puis le reste de l’autre après une belle bataille. Au final, pas de trou ni de déchirure. Quelle chance ! On a tout remis propre et renvoyer le spi sur le hook de gennak de tête. Le vent a molli aussi. On est un peu rincés, surtout moi. J’étais en train de me faire une tartine en sortant du lit, donc j’y suis allé en sous-vêtement, tout propres de deux jours. Autrement, la pâte à tartiner Açorienne, ce n’est vraiment pas ça. On essaye de se consoler avec les fromages et le jambon, mais on doit avoir une troisième personne à bord car tout ça disparaît trop vite ! »
Pablo Santurde del Arco (IBSA) : Belle journée aujourd’hui. On est toujours sous spi ce soir. Il y a de supers conditions mais une belle mer, un peu courte. Ce n’est donc pas évident de faire marcher le bateau mais il fait beau. On commence à avoir la rotation du vent à droite et on espère que notre position est intéressante pour la suite. Pour l’instant, le bateau va vite et c’est le plus important. On arrive à se reposer et on n’a rien cassé. On est très contents. Normalement, il nous reste une douzaine d’heures de vent fort puis ça va mollir doucement. On arrivera demain en début de nuit au large du DST d’Ouessant et ce sera alors le moment d’empanner. On continue à fond ! »
Olivier Gamot (Yala) : « Notre route, cette nuit, a été semée d’embûches, entre divers problèmes techniques et quelques manœuvres à l’efficacité douteuse. Ces bateaux Class40 nous font apprendre la rigueur dans la douleur ! Au final, tout fonctionne. Aucune voile n’est déchirée et rien n’est passé à l’eau, ce qui nous fait relativiser nos petits problèmes. La mer est magnifique, comme toujours. Nous attendons la bascule au nord dans les prochaines heures et étudions avec intérêt les trajectoires des autres pointus. Nos routes se sont séparées, mais qui sait ce que cela va donner ? ».