Après un peu de répit bien mérité à l’issue de la première étape, les 15 duos toujours en course dans la 9e édition de la Les Sables – Horta – Les Sables sont maintenant dans les starting-blocks de la manche retour. C’est en effet ce samedi à 15h02 (heure de Paris) qu’ils s’élanceront au large de l’île de Faial pour rejoindre la Vendée. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la situation météo, sur le parcours, est loin d’être claire. A moins de 24 heures du départ, les routages divergent franchement, tant sur les trajectoires que sur les temps de course. De quoi pimenter le jeu en grand et chambouler totalement l’ordre établi après le premier round d’autant que, pour mémoire, les écarts au classement général provisoire sont infimes avec à peine plus de trois heures d’écart entre les onze premiers !

« C’est de nouveau une belle étape qui s’annonce. Encore une fois, on va profiter de supers conditions ! », annonce Aurélien Ducroz, le skipper de Crosscall qui, après avoir régaté essentiellement au portant lors du premier acte, s’apprête à faire de même lors de cette manche retour. « C’est assez rare que ça se passe comme ça et c’est plutôt pas mal. Reste que plusieurs scénarii sont possibles. Rien n’est pas encore complètement écrit », poursuit le skipper-skieur. De fait, à date, la situation est loin d’être complètement limpide. En cause ? Une dorsale située sur l’archipel des Açores et dont le déplacement pourrait largement changer la donne, ainsi que l’explique Denis Hugues, le Directeur de course. « Si les coureurs arrivent à rapidement s’extraire des îles et à passer à l’avant du front annoncé, ils pourront alors faire route directe, tout schuss, vers les Sables d’Olonne. Dans le cas contraire, ils seront alors obligés de faire le tour de la paroisse et de monter jusqu’à la latitude de Brest avant de redescendre vers Port Olona ». Dans le premier cas, ils pourraient mettre plus ou moins quatre jours pour boucler les 1 280 milles du tracé. Dans l’autre, plutôt autour de six. « Le parcours s’annonce semé d’embuches », confirme de son côté Nicolas D’Estais (Café Joyeux) « Il ne s’agit pas d’un gros système dont on fait le tour. Il va falloir s’échapper de l’archipel portugais dans les petits airs, négocier ensuite une dépression secondaire puis un front chaud avant de récupérer le flux dépressionnaire dans le nord de l’Atlantique. Celui-ci sera un peu le grand train qui va ramener tout le monde à la maison mais monter dedans ne sera pas évident », résume l’ancien Ministe, actuellement 6e au classement provisoire à moins de vingt minutes du deuxième et à moins de deux heures du leader. « On est contents d’être dans la position des challengers. On part avec l’objectif de faire la meilleure trace possible. On comptera les points à l’arrivée », relate le marin, bien conscient qu’à ce stade, rien n’est encore joué dans cette 9e édition de la Les Sables – Horta – Les Sables.
Une histoire de dorsale
« Vu les écarts entre les onze premiers, tout le monde est, en gros, à égalité, même si Alberto Bona et Pablo Santurde del Arco (IBSA) ont un petit avantage de 1h37. Ce dernier n’est pas complètement anodin mais si ça optionne, ils auront du mal à contrôler tout le monde. On sait que celui qui terminera devant aux Sables d’Olonne sera très probablement celui qui l’emportera pour finir », assure Antoine Carpentier (Centrakor), certain, qu’une fois encore, l’épreuve se jouera à peu de chose, à l’image de la dernière édition. Une édition qu’il avait remportée avec son acolyte Mikaël Mergui avec une marge de seulement trois petites minutes sur Axel Tréhin et Fred Denis au terme de onze jours de mer. « Les premières heures de course vont se jouer dans de petits airs mais ensuite on devrait composer avec du médium et même avec jusqu’à 25-30 nœuds en début de semaine, avant de voir le vent faiblir à l’approche des Sables d’Olonne. Jusqu’au bout, il y aura des coups à faire », ajoute le triple vainqueur de la Transat Jacques Vabre dont les routages les plus optimistes laissent envisager un temps de course de trois jours et une vingtaine d’heures. « Il est plutôt vraisemblable de s’attendre à une arrivée dans la journée de jeudi. Ce qui est sûr, en tous les cas, c’’est que pour faire la différence, il faudra passer beaucoup de temps à la barre, bien régler le bateau, faire les bons choix de voiles et espérer que ce ne soit pas la casse qui fasse le tri dans la flotte », termine le co-skipper de Centrakor.

A retenir par ailleurs :
-Quatre marins changent de co-équipiers pour cette deuxième étape. Christophe Bachmann remplace Pierrick Letouze à bord de Fondation AMIPI au côté de Baptiste Hulin. Morgan Lagravière prend le relais de Tanguy Bouroullec à bord de Groupe SNEF de Xavier Macaire tandis qu’Erwan Le Mené succède à Corentin Douguet sur Legallais skippé par Fabien Delahaye. De son côté, l’Allemand Melvin Fink part en double avec Estelle Greck sur Sign for Com. Ce changement, qui, à l’inverse des autres, n’était pas prévu au départ, intervient à la suite de la blessure du dos de Lennart Burke. Le jeune Allemand qui avait pourtant remué ciel et terre pour repartir en course après avoir perdu un safran dans la première étape, est en effet contraint à une dizaine de jours de repos complet.
Ils ont dit :
Fabien Delahaye (Legallais) : « J’ai hâte de partir. J’aurai cette fois à mes côtés Erwan Le Mené. On a un peu navigué cet hiver ensemble mais jamais en course. C’est toujours intéressant d’aller régater avec quelqu’un de nouveau. C’est chouette. Lui a une grosse expérience du Mini 6.50 que moi je n’ai pas. Nos parcours sont différents mais complémentaires. Avec Corentin (Douguet), on a fait de bonnes choses sur la première étape malgré quelques petites misères qui nous ont mis derrière mais il y a des bons signaux donc on va essayer de bien faire sur la deuxième. C’est une course différente. Il y a un classement général mais c’est, pour nous, un peu anecdotique. L’objectif, c’est de faire une belle étape, de jouer devant avec les autres, d’essayer de tirer le meilleur de ce qu’on sait faire et de continuer d’apprendre aussi pour la suite de la saison. On rend le bateau dans une semaine aux Sables d’Olonne. C’est toujours un sentiment bizarre, un peu partagé, mais on pense beaucoup à notre futur bateau ! Il va y avoir plus de jeu qu’à l’aller. C’était un format plutôt simple où, à tout le moins bien calé. Tout le monde savait à peu près où aller. Là, il y va y avoir du jeu parce qu’il va y avoir plein de systèmes météo à gérer. Il va y avoir des choix de trajectoires pour gérer les petits systèmes, les transitions… Il va falloir être bien appliqué, bien travailler les fichiers et être confiant dans ses choix. Notre petit spi a été réparé et bien réparé donc ça, c’est cool. On est à 100% ! »
Kéni Piperol et Thomas Jourdren (Captain Alternance) : « Après une première étape de plus de 1 200 milles, on est presque tous à égalité donc tout reste à faire. Ça va être un peu comme de la manche aller. Il va falloir bien se placer au début puis aller chercher le front. Après, tout va déprendre de la manière dont va se déplacer la dépression mais on devrait avoir un tout schuss jusqu’aux Sables d’Olonne. Les routages nous envoient quand même bien au nord avant de redescendre. Il va falloir voir jusqu’à où on pousse l’option. On a réparé tout ce qui devrait l’être. Le bateau est de nouveau à 100% et nous aussi. On a fait les courses ce matin et on va faire une petite sieste cet après-midi. La sortie des îles des Açores risque d’être un peu compliquée. On va partir dans pas beaucoup d’air. Ensuite, il faudra bien gérer un décalage est-ouest dans la flotte. C’est très probablement le premier qui chopera la bascule et le front qui prendra l’avantage. En termes d’objectif, si on arrive à mettre les trois bateaux qui sont passés devant nous quasiment sur la ligne d’arrivée à l’aller, ce sera bien et ce sera de bon augure pour la suite. L’idée, c’est de ne pas terminer la course avec des regrets et d’essayer de naviguer propre. »
Melvin Fink (Sign for Com) : « Ça a été dur pour Lennart (Burke) et moi de devoir abandonner la première étape à la suite d’un problème de safran mais il n’était pas question de devoir également abandonner la seconde. Dès notre arrivée à Porto, nous avons établi un plan pour repartir en course. Lennart a fait un aller et retour en Bretagne pour aller chercher une nouvelle pièce et nous avons réparé au plus vite pour rallier Horta. Malheureusement, Lennart est tombé sur une varangue au large du cap Finisterre. Il n’est aujourd’hui pas en capacité de faire la manche retour. Je vais donc partir avec Estelle Greck. Nous n’avons encore jamais navigué ensemble mais elle a énormément d’expérience. Je sais que je vais apprendre énormément à ses côtés. J’espère aussi que nous serons dans le match comme nous l’avions été à l’aller avec Lennart avant notre avarie. »Claire-Victoire de Fleurian et Charlotte Cormouls (Bleuet de France) : « On a hâte de partir. On est excitées à l’idée de faire une deuxième étape et de batailler de nouveau avec nos concurrents surtout que le duo de Yala a réparé son bateau. Il va donc être présent avec nous et ça, ça va être sympa. Sur la première étape, on a encore gagné en expérience. On va donc pousser un peu plus le bateau parce qu’on a élargi notre zone de confort. Ça va être mieux. On a trop de chance concernant les conditions. En plus, ce qui est super excitant sur cette étape, c’est qu’on a bien vu que les deux autres pointus de la course n’ont qu’une envie, c’est de nous battre tandis que de notre côté on a qu’une envie, c’est de garder notre première place chez les Vintage. Il va y avoir du jeu avec eux, c’est clair, surtout que ça va être moins tout droit qu’à l’aller. Il va falloir faire une bonne analyse de la météo et essayer d’être le plus rapide possible dans les phases